Ces mots que l'on dit sans y penser : 1ère partie : "Fais doucement !"

Publié le 25 Janvier 2017

Bonjour,

 

Lorsque nous côtoyons au quotidien des jeunes enfants, et si nous ouvrons un peu finement nos oreilles, nous entendons toutes sortes de mots de la bouche des adultes responsables de ses enfants.

La plupart du temps, ces mots sont des sortes de "mots réflexes", prononcés à l'égard des enfants, bien souvent en toute bonne intention.

Pourtant, si nous examinons d'un peu plus près ces phrases toutes faites, ces mots répétés plusieurs fois par jour, nous nous rendons compte que, soit ils n'ont pas de raisons d'être dits dans la situation qui est en train de se vivre, soit ils se vident de leur sens, parce qu'ils sont trop souvent répétés à l'enfant.

Par ailleurs, certains de ces mots sont utilisés pour souligner un trait de caractère de l'enfant, mais finissent par l'enfermer dans un comportement. A force, l'enfant n'est perçu par les autres qu'au travers de cette étiquette.

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Aujourd'hui, nous allons nous attarder sur :

"Doucement !" :

 

L'enfant bouge, court, saute, manifeste des émotions parfois bruyamment. Il joue, parle, entre en communication d'une manière pas toujours appropriée.

Certes, quelquefois, il est nécessaire de canaliser cette énergie qui déborde.

"Fais doucement !", ce mot est devenu une habitude, quelque chose que nous lui disons avant même d'être certain.e que son attitude ne l'exige. Nous anticipons un comportement, comme si nous voulions en garder la maîtrise...

 

Pourtant, un jeune enfant ne peut pas s'exprimer et agir tout le temps de manière contrôlée. D'autre part, il a besoin de bouger, de crier, etc. Nous pouvons prévoir des moments et des espaces où il peut satisfaire ses besoins-là. Par exemple, au RAM, la grande salle permet cela. L'extérieur, lorsqu'il est suffisamment sécurisé, peut aussi être un moyen de laisser cette énergie se manifester.

Le reste du temps, prenons conscience de toutes les occasions où l'on prononce "doucement !", et examinons les situations dans lesquelles nous le disons : est-ce nécessaire ? Pourquoi nous le disons ? Que craignons-nous ? Cette crainte est-elle fondée ? Si elle l'est, l'est-elle réellement dans cette situation à l'instant T ? N'est-ce pas une habitude de notre part, parce que nous connaissons les réactions de cet enfant ?

 

Une observation fine de l'enfant nous sera d'une grande aide. Même si c'est un enfant "remuant", l'observation permet de voir qu'il n'est pas que "ça", et qu'à bien des moments, il est capable d'agir de manière différente.

Nous pouvons aussi lui laisser le temps d'aller au bout d'une initiative sans avoir le réflexe de lui prêter des intentions qui, souvent, ne sont que le reflet de nos propres appréhensions.

De cette façon, nous pourrons sans doute éliminer un certain nombre d'occasions de lui dire "doucement !"...

 

C'est important d'avoir cette vigilance, car, en lui répétant trop souvent, nous sous-entendons qu'il n'est pas capable d'avoir une attitude maîtrisée, appropriée. A la longue, cela peut produire l'effet inverse de celui recherché... L'enfant va, par effet miroir, avoir une attitude qui correspond à l'injonction "doucement". C'est-à-dire qu'il va faire en sorte de "coller" à cette phrase qu'il entend si souvent. De plus, il risque d'être sur la défensive, en guettant la réaction de l'adulte.

 

Ainsi, en limitant ces mots, nous lui montrons la confiance que nous lui portons, et l'aidons à construire son estime de lui-même. Pour nous, adulte, cela permet de changer le regard que nous portons sur lui et de prendre conscience de ses capacités.

 

A bientôt !

 

 

 

Rédigé par ram issoire communauté

Publié dans #pedagogie, #ca peut vous interesser

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