Le quoi et le pourquoi des activités !

Publié le 24 Juin 2019

Bonjour,

 

Nous, professionnel.le.s de la petite enfance, nous demandons parfois quelles activités proposer aux enfants de moins de 3 ans. Nous avons à la fois à la fois à cœur de bien remplir notre mission éducative, et nous tentons également de répondre à la demande des parents.

La question des apprentissages et de l'acquisition de compétences se trouvent bien souvent au cœur des préoccupations des parents, avec la perspective de l'entrée à l'école.

C'est pourquoi la notion d'activité prend, pour les professionnel.le. comme pour les parents, une grande importance.

 

Cependant, cette notion se pose trop souvent sous la forme de "quelles sont les activités que nous pourrions faire faire aux enfants aujourd'hui ?", alors qu'il serait plus pertinent de se demander "qu'est-ce que les enfants pourraient faire aujourd'hui ?", ou bien "que pouvons nous leur proposer ? "

Pour cela, il nous faut nous re-questionner sur l'activité, et particulièrement sur l'importance de l'activité libre et spontanée.

 

Ce que nous appelons activité libre et/ou spontanée, c'est une activité qui n'est ni incitée, ni contrainte par autrui. Elle est donc initiée par l'enfant lui-même.

 

L'activité spontanée du jeune enfant s'organise autour de trois domaines principaux :

  • Les activités motrices (qui mettent en jeu le corps et les grands mouvements : grimper, courir, ramper, sauter, monter, descendre, etc)
  • Les activités de manipulation (qui mettent en jeu les mains, le geste, la motricité fine , la coordination des mains et des yeux : attraper, prendre, lâcher, passer d'une main à l'autre, cogner, trier, transvaser, pétrir, remplir, vider, etc.)
  • Les jeux d'imitation, puis les jeux symboliques (coins garage, dinette, déguisements, etc)

Les unes pouvant bien sûr s'imbriquer dans les autres, et certaines activités ne peuvent pas se classer.


 

En quoi cela est-il fondamental pour son bien-être et son développement ?

Lorsqu'elle est spontanée, l'activité correspond aux besoins intérieurs, à un élan vital de l'enfant à cet instant T. De ce fait, elle participe à la construction de l'estime de soi, à la connaissance que l'enfant va avoir de lui-même (ses compétences), à l'acquisition de nouvelles compétences et/ou connaissances, acquises par lui-même. Elle lui procure du plaisir, voire de la jubilation. Elle développe ses capacités de concentration, de réflexion et de persévérance, à condition qu'elle ne soit pas interrompue (sauf lorsque c'est indispensable : repas, départ, etc), qu'il n'y ai pas d'attente de résultat de la part de l'adulte, que l'enfant ne soit pas "pressé"(sauf cas indispensable : repas, départ, etc.), ou influencé par l'adulte.

Il va peut-être choisir quelque chose de facile, qu'il maîtrise depuis longtemps, juste pour le plaisir de la réussite (par exemple, des "grands" peuvent prendre beaucoup de plaisir à jouer avec les boîtes à formes...). Ou, au contraire, il va tenter quelque chose d'un petit peu plus difficile que ce dont il est capable, car c'est une attitude naturelle chez le jeune enfant. C'est pourquoi il est aussi important de le laisser choisir.

 

 

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le choix d'une pédagogie axée sur l'activité libre exige du travail de la part des adultes :

  • Importance de l'environnement, pensé par l'adulte en fonction de ce qu'il observe de l'enfant, et de ce qu'il connait de son développement. Il faut aménager l'espace, réfléchir aux objets et jouets que l'on va mettre à disposition, pour susciter l'envie de jouer, l'envie d'être actif.
  • Importance de l'observation de l'enfant pour pouvoir choisir ce qui lui correspond, mais aussi pour se rendre compte de la façon dont il se saisit des propositions qui lui sont faites.
  • Importance de rester "connecté" à l'enfant. En effet, il ne s'agit pas de laisser l'enfant se débrouiller, comme on l'entend parfois. Sans rester nécessairement à côté de lui, il est important de maintenir la relation, par le regard, la parole, pour qu'il se sente considéré. Normalement, tout professionnel.le doit être capable de raconter précisément ce qu'a fait l'enfant pendant ses temps d'activité. Si ce n'est pas le cas, c'est que nous nous sommes déconnecté.e.s de lui...

 

Pour conclure, nous pourrions dire que tout est activité chez le jeune enfant, pour peu que nous prenions le temps de le regarder.

Par exemple, j'ai toujours cette image d'un bambin qui prend le temps et le plaisir de passer son lacet dans le trou de sa chaussure. Et je sais qu'il va développer -de manière beaucoup efficace que n'importe quel jeu éducatif-, des compétences précieuses.

N'oublions pas le dehors, le contact avec la nature. La nature est une source inépuisable de plaisir et d'activités spontanées.

Et laissons la possibilité à l'enfant de ne rien faire : rêver, s'évader, réfléchir, se recentrer , observer. Réfléchissons à ce que nous mettons derrière ces mots : "il ne fait rien", et demandons-nous plutôt : "au fait, qu'est-il donc en train de faire ? "...

 

 

Et bien sûr, l'activité libre et spontanée n'empêche pas des moments partagés avec l'adulte ! Nous pouvons faire des choses avec lui, ou à côté de lui...

NB : toutes les photos ont été prises dans le cadre des ateliers du Relais.

 

Pour compléter et enrichir, vous trouverez ci-dessous, un article qui m'a énormément parlé, car il analyse, critique, décrypte ce qui se cache derrière le fait de "faire faire" des activités aux enfants. Ici, le mot "activités" est entendu comme "activités manuelles", c'est-à-dire "productions", "réalisations", "produit fini". Ca déménage, ça remet en question, ça déculpabilise en même temps que ça bouscule !

 

Bonne lecture !

 

Rédigé par Ram Api Issoire

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