L'acquisition de la propreté

Publié le 7 Mars 2018

Bonjour,

 

    L'acquisition de la propreté est une préoccupation qui traverse toute famille lorsque les enfants approchent des 2 ans, notamment dans la perspective de l'entrée à l'école...

De fait, les personnes qui accueillent des enfants de moins de 3 ans (assistantes maternelles, personnel de structures collectives, grands-parents ou autres membres de la famille...) vont aussi être concerné-e-s par cette étape.

 

Première chose à savoir, et qui est de toute importance :

Tous les enfants deviendront propres entre 2 et 4 ans (un peu avant ou un peu après, selon les enfants), de manière naturelle, pour peu qu'on leur ait expliqué l'utilité de l'être, et l'endroit dans lequel cela se fait !

C'est-à-dire que cela est inscrit dans le développement ordinaire des enfants, et sauf pathologie particulière décelée par un médecin (énurésie avérée, encoprésie...voir définitions plus bas), il n'y a pas besoin d'apprentissage, mais seulement d'un accompagnement bienveillant.

Nous parlons ici de la propreté diurne. On considère, dans la plupart des cas, qu'elle est définitivement acquise à 5 ans (ce qui fait relativiser sur l'âge !).

 

  • Etre propre, qu'est-ce que ça veut dire ?

Cela signifie que l'enfant perçoit de lui-même son besoin (sensation d'inconfort), qu'il en a conscience (ce n'est plus un réflexe), qu'il peut se retenir (en contractant ses sphincters), qu'il est capable d'aller tout seul aux toilettes ou sur le pot (ou de demander, s'il est dans un endroit inconnu) puis de relâcher pour se soulager.

A ce moment-là, on peut parler de propreté acquise car il n'y a PAS d'intervention de l'adulte.

 

  • Quelles sont les conditions nécessaires à cette acquisition ?

On dit que l'enfant doit être "prêt", et ce que l'on entend par là c'est :

  1. une maturité physiologique
  2. une maturité intellectuelle
  3. une maturité affective.

 

Ces 3 conditions doivent être réunies, afin que cette étape se franchisse sans encombre.

 

  • La maturité physiologique concerne le fontionnement du corps : l'enfant doit pouvoir contracter et/ou relacher ses muscles sphinctériens de manière consciente et volontaire, et non plus par réflexe.

Ce qu'on appelle les sphincters, ce sont les muscles qui commandent l'ouverture et la fermeture de la vessie et du rectum.

Pour cela, il faut que certaines terminaisons nerveuses soient achevées. Quelques indices peuvent nous le montrer, comme par exemple, lorsque l'enfant sait monter un escalier seul, en alternant les pieds. Cependant, cet indice à lui seul ne suffit pas pour dire que l'enfant est prêt, car, il manque les 2 autres conditions...

 

  • La maturité intellectuelle suppose que l'enfant comprend ce que l'on attend de lui, qu'il en perçoit  un intérêt pour lui-même, qu'il a compris à quoi servent le pot et/ou les toilettes. Encore une fois, il peut tout à fait avoir compris, mais ne pas en être encore capable, physiologiquement, ou affectivement...Cette compréhension des choses est personnelle à chaque enfant. Il nous la montre soit à l'aide du langage, soit dans ses jeux, lorsque, par exemple, il installe nounours ou poupées sur le pot...

 

  • La maturité affective est d'une nature un peu plus complexe. Elle signe l'acceptation de l'enfant à bien vouloir grandir. Et grandir, c'est renoncer : renoncer aux couches, renoncer aux moments de soins lors des changes, abandonner son état de "bébé" pour devenir grand. Ce n'est pas facile pour l'enfant, qui se trouve souvent dans cette ambivalence : "je suis grand, mais quand même, je suis encore petit" !

Donc, cette maturité suppose que l'enfant a le désir d'être propre, et qu'il ACCEPTE (en plus de le comprendre) ce qu'on attend de lui...

 

  • Comment s'y prendre ?

 

Pas de recette miracle, mais quelques recommandations, et surtout certaines choses sont à éviter.

Patience, observation et bienveillance seront utiles à chaque parent ou adulte, pour accompagner au mieux l'enfant dans cette acquisition.

En s'aidant des 3 conditions expliquées ci-dessus, on peut facilement repérer où en est l'enfant dans sa compréhension des choses.

Ainsi, viendra le moment où il sera judicieux de sortir le pot et d'expliquer à quoi il sert, ou bien de montrer les toilettes et ce qu'on y fait !

L'enfant pourra s'asseoir sur le pot tout habillé au début, ou y mettre les poupées. De même, il sera intéressé de savoir ce qui se passe dans les toilettes... Ce sont des étapes intermédiaires.

Progressivement, on pourra proposer à l'enfant d'aller sur le pot, puis de ne pas mettre de couches, tout en s'assurant que cela ne le met pas en difficulté. Peut-être qu'il demandera de lui-même à ne plus porter de couches.

Verbaliser ce qui se passe, mettre des mots simples : "on dirait que tu as envie de faire pipi, tu peux venir le faire sur le pot", ou "tu vois, tu as fait (pipi ou caca) dans ton pot. C'est bien, tu grandis.".

On peut proposer à l'enfant de se déshabiller tout seul, d'enlever sa couche, de vider son pot tout seul dans les toilettes, et de tirer la chasse. Cela participe au processus d'autonomie, et valorise l'enfant dans la globalité de cette acquisition (je me déshabille tout seul, j'enlève ma couche et je vide mon pot...)

Cela peut être nécessaire d'expliquer à l'enfant ce qui se passe dans son corps : transformation de la nourriture et évacuation des déchets inutiles...

 

Ce qu'il faut éviter :

 

  • S'il est judicieux de proposer le pot plusieurs fois dans la journée à l'enfant au début, il est en revanche inutile de l'y mettre à heure fixe, ou toutes les 2 heures : en effet, il y a de fortes chances que cela "marche", parce que cela va correspondre au besoin naturel de l'enfant de faire (ou parce que l'on aura remarqué que l'enfant fait dans sa couche à telle heure...), mais il ne s'agira que d'un acte réflexe. Cela peut nous faire croire que l'enfant est propre, et le mettre en situation d'échec lorsqu'il sera confié à l'assistante maternelle, à la crèche ou à l'école, sans couche, et présenté comme étant "propre".

(C'est sûrement ce qui se passe pour les personnes, qui, en toute bonne foi disent "les miens étaient propres à 1 an"...)

En cas de doute, relire la définition plus haut !

 

  • On peut encourager l'enfant mais le féliciter à outrance ou le récompenser vient contredire l'idée que c'est un besoin physiologique personnel. On ne fait pas pour faire plaisir à papa, maman, nounou ou mamie, et ce n'est pas un cadeau (qu'en plus, on va jeter dans les toilettes !!!) !

 

  • Eviter de contraindre l'enfant, de le laisser des heures sur le pot, de le distraire pour qu'il reste sur le pot... Toutes ces attitudes risquent de parasiter son acquisition en l'éloignant de l'objectif principal qui est : ressentir et percevoir son besoin, afin de pouvoir le soulager.

 

  • Eviter de punir, fâcher lorsqu'il ne réussit pas, ou lorsqu'il y a des "accidents". S'il ne fait pas sur le pot, ou s'il y a beaucoup "d'accidents", c'est que c'est trop tôt. Alors, il vaut mieux renoncer et lâcher prise pour quelques jours, en parler sereinement avec l'enfant, et retenter plus tard lorsque ce dernier semble davantage prêt.

Par ailleurs, lorsqu'une pression trop grande pèse sur les enfants, ceux-ci peuvent, par un réflexe d'auto-protection, se braquer et refuser totalement de faire ce que l'on attend d'eux. Ceci mène en général au conflit et aux rapports de force. Or, nous savons bien que ce type de rapports est inutile et préjudiciable à un développement harmonieux.

   De plus, dans sa résistance à l'adulte, l'enfant peut développer des problèmes de constipations et/ou d'encoprésie plus ou moins graves et intenses...

 

 En conclusion, lorsque les 3 conditions de maturité sont réunies, l'acquisition de la propreté est une affaire de quelques jours, voire de quelques semaines, mais pas plus.

Un apprentissage dès 1 an est une aberration au regard des connaissances scientifiques actuelles sur le développement des enfants, et comporte des risques pour la santé de l'enfant.

L'acquisition de la propreté n'est pas un "dressage", mais simplement un accompagnement bienveillant de l'enfant dans sa compréhension des choses, dans la perception de ses sensations corporelles (je sens que j'ai envie de faire...), pendant lequel on va le guider avec des mots, des exemples...

La perspective de l'entrée à l'école, ne doit pas nous faire perdre de vue le bien-être de l'enfant.

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Définitions :

Encoprésie : L'encoprésie est la défécation "involontaire" ou délibérée dans des endroits non appropriés chez un enfant d'âge chronologique et d'âge mental d'au moins 4 ans. Pour porter ce diagnostic, il faut que ce trouble survienne de façon durable (depuis au moins 6 mois) à une fréquence d'au moins une fois par mois.

(Source : http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/sa_1281_encopresie.htm )

Enurésie : Le " pipi au lit" ou énurésie atteint environ 10 % des enfants, et plus fréquemment les garçons que les filles. L'énurésie est une miction active, complète, inconsciente, involontaire, se produisant pendant le sommeil. On ne peut parler d'énurésie qu'à partir de 5 ans, car c'est l'âge ou le contrôle physiologique du sphincter vésical (de la vessie donc) est acquis.

(Source : http://www.doctissimo.fr/html/sante/encyclopedie/sa_863_e.htm )

 

A toutes et à tous, une belle journée.

 

 

 

Rédigé par ram issoire communauté

Publié dans #pedagogie, #ca peut vous interesser

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